Les œuvres présentées ici sont originaires du NUNAVUT dans le nord canadien, où vivent près de 25 000 Inuit. Le Groenland, la plus importante terre inuit plus peuplée, ne possède pas cette tradition car la population vit dans un milieu géologique moins riche et se concentre uniquement sur les côtes.
Si les Inuit du Nunavut (Nord Canada) ont sculpté depuis longtemps, on peut dire que l’art inuit est né juste après la seconde guerre mondiale quand, en 1948, James Houston (1921 - 2005), artiste canadien et cinéaste, venu au Nunavut pour y peindre les paysages, découvre l’artisanat inuit et décide de voir, à travers une production assez disparate, ce qui s’apparente à l’art de création. Et c’est une douzaine d’années plus tard que cet art est reconnu à travers des expositions d’abord au Canada puis dans le monde entier.
Soutenue par le gouvernement canadien qui authentifie chaque œuvre produite et mise en vente, une compagnie, La Compagnie de la baie d’Hudson, se charge de faire connaître cet art et d’en organiser une mise sur le marché international qui respecte les droits des artistes inuit.
D’abord la sculpture, puis la gravure, restent les deux modes d’expression de cet art qui jouit d’une grande diversité.
La sculpture est un art de contraste, épuré et chaleureux, le plus souvent figuratif mais qui s’éloigne de plus en plus de la reproduction de choses vues grâce à de fameux artistes dont le travail est proche de l’abstraction la plus contemporaine.
La diversité de cet art se retrouve aussi dans celle des matériaux utilisés qui va de la corne à l’ivoire (de morse ou de narval), du cuir à l’andouiller ou au bois flotté, de l’os de baleine aux différentes pierres du lieu, la serpentine, la stéatite, le basalte et même le marbre blanc ou rose que l’on trouve dans l’île de Baffin.
L’estampe a vu le jour à Cape Dorset en 1958. Gravure sur pierre et pochoir sont les deux modes d’expression les plus courants. Les thèmes les plus fréquents illustrent l’environnement, le travail, les croyances et témoignent de l’attachement de ces artistes au milieu géographique et culturel qui est le leur.
Les artistes sont tous autodidactes. Ils apprennent tout jeune, à sculpter en observant les anciens. Ces derniers leur donnent des conseils sur les techniques à employer, expliquent comment corriger les défauts, mais laissent beaucoup de liberté à leurs jeunes disciples quant à l’inspiration et les audaces artistiques dont ils peuvent faire preuve.
P.S.
Le mot « inuit » est le pluriel du mot « inu » qui signifie « homme » en langue indigène. Raison pour laquelle, même au pluriel, le mot « inuit » ne prend pas de « s » puisqu’il est lui-même un pluriel.
Denis WETTERWALD
Auteur compositeur dans les années 70 puis se tournant vers le théâtre dans les années 80, Denis Wetterwald est depuis ses lectures d’adolescence passionné par la culture des pays du nord, de la Finlande à la Suède, de l’Islande à la Sibérie ou au Canada. C’est d’abord par la littérature, Strindberg, Hamsun ou Ibsen puis par la musique, Grieg ou Sibelius et les arts plastiques avec Rothko ou Munch qu’il approfondit ses connaissances et son amour pour ces civilisations assez délaissées il y a encore une trentaine d’années.
La découverte des premiers livres de l’écrivain danois du Groenland Jorn Riel lui ouvrit des horizons nouveaux vers ces peuples de l’extrême.
Quelques tournées théâtrales au Québec lui firent découvrir l’art inuit présenté dans de grandes galeries d’art spécialisées de Québec et Montréal
À partir des années 1990, il travailla autour de la civilisation inuit en adaptant à la scène pour la première fois en France un des romans de Jorn Riel «Le Jour avant le lendemain», puis des contes traditionnels inuit recueillis par Knud Rasmussen «Histoires d’ours et autres narvals» au début du vingtième siècle.
Dernièrement, il réalisa un spectacle à partir de textes écrits par le plus grand poète letton contemporain Imants Ziedonis, «Contes des couleurs».
Il a créé plusieurs expositions consacrées aux Inuit du Groenland et à leur histoire.
La découverte de l’art inuit lors de ses séjours au Canada fut l’occasion de débuter une collection qu’il a enrichie durant des décennies.
Des sculptures de George Arlook, venu travailler chez lui en France, à Candes Saint Martin près de Saumur il y a quelques années, aux gravures d’Helen Halvak ou Peter Aliknak qui témoignent du quotidien des habitants du Nunavut, c’est plusieurs centaines d’œuvres qui ont été présentées lors d’expositions temporaires à travers la France.
Cette étape à Nantes veut rassembler les œuvres les plus caractéristiques de cet art encore trop méconnu, à travers les œuvres de près d’une cinquantaine d’artistes.
Denis WETTERWALD